La RTS et la social TV sur les réseaux sociaux
La Radio Télé Suisse (RTS) a élargi son dispositif de la télévision sociale en vue de se rapprocher de son public par l’entremise des réseaux sociaux.

La Radio Télé Suisse (RTS) a élargi son dispositif de la télévision sociale en vue de se rapprocher de son public par l’entremise des réseaux sociaux.
Depuis quelques années, la RTS a effectué son virement vers la social TV. Elle a lancé ce concept avec les émissions #RTSThevoice, #RTSTalent, #26minutes, #RTSInfrarouge, #maparole, le téléjournal du #19h30 ainsi que sa tranche #Tasvulactu. Ces émissions utilisent les réseaux sociaux comme moyen d’interaction pour dialoguer et échanger avec les internautes dans le but de créer de l’engagement et de la proximité. Avant de nous plonger dans le vif du sujet, il est impérieux de connaitre la notion de « social Tv »
Margherita Pagani & Alessandra Mirabello, chercheurs à l’université Bocconi de Milan, définissent ce concept comme étant « un nouveau moyen technologique émergent qui soutient et intègre l’interaction sociale, les recommandations, les notes, les avis et la participation interactive des téléspectateurs via le chat texte, l’audio, ou même la vidéoconférence. ».
Marc Lindel, membre du site socialtv.fr, quant à lui précise que « c’est la convergence entre le contenu (TV en direct, en rattrapage…) et les réseaux sociaux ; l’interaction sociale qui en résulte est une expérience enrichie et le début d’une conversation autour du contenu TV »
Capucine Graby, journaliste et fondatrice du site MyMoonSpots.com, dans son article «Social TV: alliée ou pire ennemie des chaînes de télévision?» estime que la télévision sociale permet aux téléspectateurs de regarder la tv sur deux écrans (télé et smartphone ou tablette) en vue de commenter les programmes de l’un sur l’écran de l’autre. Ainsi, elle doit répondre aux besoins des utilisateurs.
Dans son interview du 26 novembre 2014 accordée au site socialtv.fr «ils font la social TV», David Labouré, le responsable des relations en ligne à la RTS estime que la télévision sociale est un atout important qui permet aux utilisateurs de vivre une expérience participative avec une co-création des internautes pour apporter une vraie plus-value aux téléspectateurs.
Ceci est illustré avec les émissions #RTSInfrarouge et #maparole où la RTS propose des sujets des débats sur le quotidien des suisses et donne la parole à sa communauté en vue d’inciter le public sur les réseaux sociaux à participer et donner un avis sur le thème politique et social proposé.
Cependant, la télévision sociale existe aussi dans de nombreux pays. Aux Etats-Unis par exemple, la chaine CNN a stimulé l’activité de télévision sociale durant les débats présidentiels de 2012. Le site adweek.com a expliqué la stratégie de la chaine par l’entremise de son responsable de production digital Steve Krakauer. Celui-ci explique que CNN a lancé deux outils impressionnants sur les réseaux sociaux notamment Twitter et Facebook.
Le premier outil utilisé par l’entreprise fut le hashtag #CNNUndecideds, un mot clé sur les réseaux sociaux permettant aux «électeurs indécis » d’avoir un aperçu en temps réel de ce que ces électeurs aimaient et n’aimaient pas entendre dans les débats. Le deuxième outil également était #CNNDebateClock, un concept sur les réseaux sociaux qui présentait le temps de parole des candidats qui ont parlé pendant le débat. Ceci a permis aux téléspectateurs de voir le temps de parole en vue d’avoir une idée et une opinion.
Dans le même ordre d’idée, pendant les élections présidentielles en France 2012, France Télévisions a musclé son arsenal de social TV en signant un partenariat avec Facebook. Durant l’émission « mot croisé », les téléspectateurs ont envoyé leurs questions via Facebook et certaines des questions choisies ont défilé durant le débat présidentiel, rapporte le site internet brainsonic.com. Les internautes pouvaient commenter et réagir à l’émission.
Comme les autres pays utilisent la sociale TV dans les élections présidentielles, la RTS aussi peut user de ses dispositifs pour animer le débat politique à l’aube des élections fédérales qui se dérouleront à la fin de l’année 2015. Ainsi elle pourra jouer le médiateur au niveau des réseaux sociaux dans le débat politique en vue d’aider les internautes d’une part à partager leurs idées sur les questions politiques et d’autres parts permettre aux acteurs politiques de faire connaitre leurs réelles intentions.
Mais il n’y a pas que le débat politique dans la social TV, il existe d’autre forme d’interaction entre les chaines de TV et radio et le public. En Grande Bretagne par exemple, la BBC a lancé #Instafax en janvier 2013 sur Instagram. Un service qui permet aux internautes d’aller poster directement les news sous forme de vine (vidéo courte de 15 secondes) ou d’image sur le réseau social rapporte le site socialtv.fr. Un moyen de faire participer les internautes à l’information par le visuel.
En Belgique, la RTBF a lancé en juillet 2012 « la TV nomade », une application qui permet à ses téléspectateurs et auditeurs de voyager pendant 24 heures sur les programmes de la chaine et de partager les meilleurs moments avec ses amis sur Facebook et Twitter. Ce concept de TV nomade qui a permis aux utilisateurs d’interagir avec leurs proches n’importe où et n’importe quand. Tous ces exemples nous montrent que les chaines de TV et radio ont mis en place des dispositifs pour se rapprocher de leurs communautés sur les réseaux sociaux.
Néanmoins pour renforcer l’efficacité de la social TV, quelques principes s’imposent dans cette sphère. Le professeur Jenifer J. Preece de l’université Open University dans son article« Online Communities : Designing Usability, Supporting Sociability » parus en 2000 a présenté un ensemble de principes et des stratégies qui peuvent s’adapter au concept de la télévision sociale et être utilisés par les chaines de TV et de radio. Elles sont organisées en deux dimensions à savoir la convivialité et le soutien de la sociabilité.
Le premier principe permet aux internautes d’effectuer facilement et efficacement les actions de partage sur les réseaux sociaux. Le seconde principe se concentre sur trois composantes de sociabilité à savoir : la finalité ou l’objectif; les rôles des personnes dans l’interaction ; et l’adhésion.
Les chaines de TV et radio doivent rendre l’expérience de leur communauté agréable et enrichissante. Utiliser par exemple un hashtag simple et facile à retenir dans le but de simplifier la conversation sur les réseaux sociaux. Plus un internaute ne connait son rôle et la raison de sa présence dans les interactions sur Facebook ou Twitter, mieux il va être acteur dans les conversations.
Pour appuyer notre idée du professeur Jenifer J. Preece, les scientifiques Girgensohn et Lee dans leurs articles « Making web sites be places for social interaction » paru en 2002, ont identifié trois exigences des entreprises pour favoriser la sociabilité au niveau d’internet et notamment sur les réseaux sociaux à savoir : encourager la participation des usagers à l’échange, soutenir l’interaction sociale, et promouvoir la visibilité des personnes.
Ces aspects théoriques et ces exemples concrets cités ci haut révèlent que les organisations en général et les chaines de TV et de Radio en particulier s’investissent dans la social tv en vue de créer un partenariat avec le consommateur et de lier une relation de confiance et durable. En ce qui concerne la RTS, elle dispose d’un arsenal diversifié allant du politique (#RTSInfrarouge, #maparole, etc,) au divertissement (#RTSTalent, #RTSThevoice) qui l’aide à jouer le rôle d’interface entre son audience et les politiques, la société ainsi que la culture helvétique.
Photo à la une cc RTS